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Publié par Marylène

Glons, la gare, photographiée en octobre 2014

Glons, la gare, photographiée en octobre 2014

LES MALHEURS DE

LA GARE DE GLONS...

 

  Est sortie, en novembre 2017, une nouvelle publication réalisée par Lucien Vanstipelen et son équipe et éditée par le Centre culturel de Bassenge : « Faits divers en Vallée du Geer et environs. La Belle Epoque. 1904-1909 », tome 1 et « Faits divers en Vallée du Geer et environs. La Belle Epoque. 1910-1914 », tome 2. L’équipe a épluché 2 journaux régionaux : « La Vallée du Geer », journal libéral du début du 20e s. et « Le Courrier du Geer », hebdomadaire à tendance catholique. Dans ces 2 tomes, nous retrouvons de nombreux faits divers, des recettes de cuisine, de belles photos et cartes postales d’époque, … et donc des articles sur le chemin de fer et sur les vicinaux (e.a. la ligne Genk-Bassenge-Liège et la ligne Glons-Maastricht).

 

Voici ce que l'on peut, e.a. y lire : 

Tome 1, p. 7 : La gare de Glons / 4 février 1904 :

Nous recevons d’un abonné la lettre qui suit :

Monsieur le Rédacteur,

Permettez-moi d’avoir recours à votre estimable journal, afin de faire connaître à Qui de droit la plainte générale des voyageurs obligés de prendre le train à la gare de Glons.

Je ne vous parlerai pas de la bicoque qui sert de gare, mais de ses abords.

Vous, qui comme beaucoup d’entre nous, prenez journellement le tram Maastricht-Glons, vous avez dû vous faire la réflexion suivante : « Est-ce possible à un être humain de se rendre du tram à la baraque (gare), sans s’embourber jusqu’aux genoux dans le cloaque qui sert de terre-plein entre la halte du tram et l’entrée de la gare ?!! »

A qui incombe l’entretien de cette partie de la voirie ? à l’Etat belge, je suppose.

Il me semble qu’un peu de cendrée ne coûterait pas si cher et rendrait heureux les habitués de cet endroit.

J’espère que, par votre intermédiaire, Qui de droit fera son devoir au grand bien des habitants de la Vallée.

Agréez etc.

Un embourbé.

 

Tome 1, pp. 75-76 : Glons / 23 mars 1905 :

A quand la mise à double voie de la ligne de Hasselt à Liège ? A quand aussi l’établissement à Glons d’une gare convenable et en rapport avec l’importance du trafic ?

Depuis la création du vicinal de Glons à Maastricht, la gare de Glons dessert une population que l’on peut évaluer au bas mot à 20 000 habitants, et la gare est à peine assez grande pour satisfaire aux besoins d’un bourg de trois mille âmes.

L’agrandissement de la station de Glons s’impose d’autant plus que l’arrangement des correspondances avec le vicinal oblige chaque jour de nombreux voyageurs à attendre soit le départ des trains vers Liège ou vers Tongres, soit le tram vers Maastricht.

Actuellement, les salles d’attente sont tellement exiguës, on y est si exposé aux courants d’air et aux intempéries, elles sont si mal chauffées et si peu éclairées que les voyageurs préfèrent les abandonner pour s’encaquer dans les établissements voisins. Et encore les dames n’ont-elles pas cette ressource !

 

Tome 1, pp. 80-81 : Glons / Une bonne histoire / 28 avril 1905 :

Tandis que nous attendions lundi passé  - avec combien d’autres ! -  le train de 6h30 du matin à Glons vers Liège, nous avons entendu raconter une histoire qui a au moins le mérite de la drôlerie.

Il faisait froid. Nous battions la semelle devant la gare dont les deux salles d’attente et les couloirs étaient bondés de monde ; il y avait à l’extérieur, dans l’impossibilité d’entrer une bonne cinquantaine de personnes qui ne s’impatientaient guère du reste.

Comme nous protestions, nous, contre l’entêtement de l’administration qui persiste à ne pas construire de nouvelles gares là où il en faudrait et à en faire là où elles sont beaucoup moins nécessaires, quelqu’un nous a dit :

  • « Vous avez raison de vous plaindre. Mais c’est par des pétitions incessamment répétées qu’il faudrait protester. Ici, à Glons surtout nous avons été si près d’avoir une gare nouvelle !
  • Comment cela ? fîmes-nous ?
  • Mais vous ne savez donc pas que la chose a été décidée, que les plans ont été faits, le crédit voté ? Il n’y avait plus que l’emplacement à choisir définitivement. Et c’est ici que nous avons joué de malheur. L’agent, le fonctionnaire, chargé de cette dernière besogne, s’est trompé de halte, il est descendu à Nederheim au lieu de descendre à Glons. Et il n’a reconnu son erreur que sur les observations de l’entrepreneur, quand les travaux étaient déjà commencés ! ».

Voilà pourquoi il y a une gare à Nederheim et pourquoi il n’y en a pas à Glons.

 

Tome 1, p. 200 : Glons / La nouvelle gare / 5 juillet 1906 :

On réclame depuis longtemps, au beau pays du Geer, une nouvelle gare à Glons, où le trafic a acquis une importance considérable depuis la construction du vicinal Glons-Maastricht.

L’administration fait la sourde oreille. Comme on jette un os à un chien qui aboie, elle vient de décider l’accolement sur la gare actuelle, d’une nouvelle salle d’attente de 2e classe qui aura… 6 m² !

Franchement, on ne saurait mieux se moquer du monde et nous comprenons la vive exaspération qui règne parmi les voyageurs qui passent par Glons.

Ajoutons que la nouvelle salle d’attente de 6 m² ne sort pas encore de terre, de sorte qu’on ne saurait dire si elle sera en brique, en torchis, en bois ou en carton. Nous proposons de la faire en verre et d’y exposer à l’admiration permanente de nombreux voyageurs passant par là, le curieux fonctionnaire qui construisit  - à la suite d’une erreur bien excusable -  la nouvelle gare à Nederheim au lieu de la faire à Glons !   

 

Tome 2, p. 8 : Roclenge / Le vicinal / 10 février 1910 :

Le Comité de surveillance dont le Conseil provincial du Limbourg a doté notre ligne vicinal, s’est réuni mardi passé à la maison communale de Roclenge.

On s’est occupé d’abord de la question de l’éclairage de la halte du tram à Glons, cet éclairage si nécessaire, que l’on réclame depuis si longtemps, qui coûterait si peu de chose… et qu’il n’y a pas moyen d’obtenir. Il faudra faire de nouvelles démarches auprès de l’administration des chemins de fer pour avoir satisfaction. Il est à espérer que cette administration voudra bien faire droit aussi aux plaintes innombrables qui se sont élevées au sujet du mauvais état du terre-plein devant la gare. Car si l’endroit est éclairé, on verra le soir la boue qui couvre cet endroit et on ne sera pas encore très avancé. Il sera toujours très difficile de traverser sans se salir. Un wagon de cendrées coûte si peu à l’Etat. 

 

Tome 2, pp. 14-15 : Glons / Sur le rail / 21 avril 1910 :

Lundi passé, une bonne partie des voyageurs prenant le train de 6h30 du matin à Glons vers Liège, n’ont pu trouver place dans les voitures. Une soixantaine ont dû se contenter du fourgon où ils se sont encaqués pour voyager debout, en plein vent, aux risques de maladie.

Et dire que c’est chaque lundi la même chose ! Et qu’il faudrait si peu de peine pour donner satisfaction aux griefs les plus vifs des voyageurs.

 

Tome 2, p. 56 : Glons / Au chemin de fer / 27 octobre 1910 :

Il paraît qu’on commencera la construction d’une nouvelle gare à Glons, le 1er janvier prochain. Le nouveau bâtiment serait avancé de 17 m vers Wihogne. Il paraît aussi que l’on compte avoir terminé la construction à Pâques. Pourvu que ce ne soit pas à Pâques… ou à la Trinité.

En attendant, plantons un orme.

[…]

 

Tome 2, pp. 59-60 : Glons / Un scandale / 17 novembre 1910 :

Un lecteur nous écrit la lettre suivante que nous tenons à la disposition de l’administration des chemins de fer :

Le 12 courant, j’ai pris le train à Herstal à 5h10 du soir pour Glons. Arrivé à la Préalle un craquement sinistre mit en émoi notre compartiment et le train stoppa brusquement ; nous étions en panne ! Comme il n’y avait pas moins de 16 personnes dans notre compartiment de troisième ceux qui étaient debout furent précipités sur les autres et il y en eut qui se plaignirent vivement.

Après 20 minutes d’arrêt, le train se remit enfin en marche jusqu’à Milmort. Là, nouveau craquement, nouvel arrêt brusque, nouvelles bousculades et nouvelles plaintes. L’arrêt se prolongeant, de nombreuses têtes s’encadrèrent aux portières et ce fut un tel concert de cris et de protestations qu’enfin le convoi se remit en marche jusqu’à Liers.

Mais là ce fut une autre affaire ! Le 3e train qui quitte Herstal à 5h25 rattrapa le second, parti à 5h10, où nous étions, et les paris s’engagèrent pour savoir lequel des deux partirait le premier. Contre toute attente, le dernier arrivé fut le premier parti. Il s’ébranla, à notre grande déconvenue après avoir attelé trois voitures supplémentaires. Et il nous fallut attendre son arrivée à Glons, pour partir à notre tour, après de longues minutes d’attente et de mauvaise humeur.

Enfin, nous parvînmes à Glons à 6h40, ayant mis une heure et demie pour parcourir, en chemin de fer, une distance de 10 à 12 kilomètres.

J’allais oublier de vous dire, tant j’y suis habitué, que nous étions venus de Herstal à Glons sans lumière dans une obscurité complète, et cela pendant une heure trente minutes.

C’est une honte pour un gouvernement de traiter des ouvriers qui rentrent à leurs foyers après une journée ou une semaine de dur labeur, avec si peu de cœur et tant de sans-gêne. Ces faits sont intolérables. Or, ils se reproduisent à peu près tous les samedis sur cette ligne où l’on fait une croix quand un train arrive à l’heure.

 

Tome 2, p. 61 : Glons  / Le scandale / 24 novembre 1910 :

Le scandale continue sur le chemin de fer Hasselt-Liège. Les ouvriers continuent matin et soir à voyager sans feu. Et le matin surtout, en sortant des voitures surchauffées du vicinal, les glacières de l’Etat offrent pour eux de grands dangers tels que rhumes, bronchites, et pis peut-être !

Il est vrai que l’administration défend de cracher dans les compartiments et qu’on recommande de traiter les animaux avec douceur…

 

Tome 2, p. 62 : Glons / La Place du Marais :

C’est la place de la gare. En style administratif, on appelle cela : un terre-plein ! Allez voir à Glons si vous l’osez. En sortant de l’innommable bâtiment qui sert à l’Etat belge de station, vous vous arrêterez, consterné, devant un véritable marais, non un terre-plein, mais un plein-de-boue. C’est le plus beau « marass » comme on dit en wallon, « modderpoel » comme on dit en flamand, qu’il soit possible de rêver ! Et la vase noire, gluante, épaisse, laisse sur les vêtements une trace indélébile.

Il faut aux femmes un vrai courage pour poser sur ce terrain mouvant leurs pieds mignons. Nous en avons vu hésiter longtemps, puis se hasarder enfin. Mais leurs fins souliers disparaissaient dans la boue, malgré leurs hauts talons. Et elles en sortaient lamentablement souillées.

Et dire qu’il suffirait d’un demi-wagon de cendrée pour arranger le tout et pour donner pleine satisfaction aux innombrables voyageurs qui passent par Glons.

 

Tome 2 (Courrier du Geer), p. 154 : Glons / La nouvelle gare / 30 décembre 1911 :

Le gouvernement vient d’affecter une somme de 30 000 fr à l’achat des terrains nécessaires pour agrandir la gare de Glons. Les lignes seront repoussées sur les terrains qui se trouvent devant la gare actuelle, et un bâtiment de recettes plus spacieux sera construit à proximité des magasins de marchandises.

 

Tome 2 (Courrier du Geer), p. 165 : Eben-Emael / 27 janvier 1912 :

Nos ouvriers chapeliers qui prennent à Glons le lundi le premier train du matin pour Bruxelles, se plaignent de l’insuffisance du service à la gare de Glons. Un seul garde-salle contrôle les coupons à la sortie et il est arrivé qu’à cause de l’affluence des voyageurs, plusieurs de ceux-ci n’ont pu sortir et ont manqué le train. Avis à Qui de droit.

 

Tome 2 (Vallée du Geer), pp. 215-216 : Glons / Une emplâtre sur une jambe de bois / 18 avril 1912 :

On est occupé à nouveau à replâtrer, replafonner, renettoyer et retapisser notre vieux, sale malsain et hideux morceau de gare. C’est donc que l’on ne songe point encore, malgré toutes les informations favorables prodiguées en ces derniers temps, à lui faire le seul sort dont elle est digne, c’est-à-dire à la démolir, à la raser jusqu’aux fondements pour édifier à sa place un bâtiment moderne et propre qui réponde à la fois à la destination et aux vœux des innombrables voyageurs qui passent actuellement par Glons.

Ce sera sans doute pour la semaine des quatre jeudis ou pour le jour béni où les poules auront des dents ? … 

 

Tome 2 (Vallée du Geer), p. 216 : Gare fleurie / 18 avril 1912 :

Il faut rendre hommage pourtant à l’initiative du Touring-club de Belgique qui a imaginé de fleurir nos gares.

C’est ainsi qu’à Glons, M. Van den Berg Maréchal, horticulteur, a installé contre la gare vers Liers un parterre tout fleuri d’un heureux effet. Les couleurs vives des tulipes attirent le regard qui s’y repose avec plaisir, et pendant ce temps on oublie de regarder à côté l’espèce de caisse grise pour aéroplane où l’on délivre les coupons.

Il y a là quantité de rosiers qui feront un joli effet quand ils seront en fleurs et qui offriront un singulier contraste avec l’urinoir malodorant qui reste un des ornements les plus typiques de notre bonne ville.

 

Tome 2 (Courrier du Geer), p. 292 : Glons / A Monsieur Qui de droit ! / 29 mars 1913 :

Presque journellement, à certaines heures et surtout à midi, la gare du chemin de fer est envahie par une bande d’étudiants. Comme il n’y fait pas très large, les voyageurs sont fortement incommodés ; inutile d’ajouter que pour les dames et demoiselles le supplice est double.

 

Tome 2 (Vallée du Geer), pp. 302 et 319 : Glons / Les embellissements de la gare / 24 avril 1913 :

Cette fois, nous aurions tort vraiment de ne pas nous déclarer satisfaits. La gare de Glons, cette verrue dont l’ablation nécessaire rencontre une si invincible opposition, vient de subir un embellissement dont l’importance a sauté immédiatement à tous les yeux.

Tenez-vous bien, amis lecteurs, pour n’en point tomber en syncope. On a accolé à la porte d’entrée de la gare une plaque en émaillé, superbe, rutilante, éblouissante, sur laquelle se lit en noir sur fond blanc, cette indication mirobolante : « Entrée - Ingang » !

N’est-ce pas merveilleux ?

Cette plaque fait exactement l’effet d’un coup de poing sur l’œil. Elle était aussi indispensable que la cinquième roue dans un char. Mais nous l’admirons quand même, sans réserve, parce qu’elle a toute la valeur d’un symbole, parce qu’elle est essentiellement : administrative. Et devant l’administrâââtion et son idiotie incurable comme devant tout ce qui touche à la Perfection, il faut toujours, respectueusement, tirer son chapeau ! 

 

Tome 2 (Vallée du Geer), pp. 402-403 : Glons / Le désarroi aux chemins de fer / 12 février 1914 :

C’est devenu quelque chose d’inimaginable ! Jamais, au grand jamais gâchis pareil ne fut constaté. Plus aucun train n’arrive à l’heure.

Un exemple : le dernier train du soir quittant Liège à 8h30 vers Glons, Tongres et Hasselt, a eu régulièrement depuis octobre dernier des retards variant entre une demi-heure et deux heures et demie !

Ce désarroi cause, on le pense bien, le plus grand dommage aux innombrables commerçants, voyageurs, ouvriers, etc. qui chaque jour font usage du chemin de fer pour leurs affaires.

 

 

Les 2 tomes des "Faits divers durant la Belle Epoque" (1904-1914)

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